Vos médicaments vous font-ils engraisser?
Un bon matin, vous montez sur le pèse-personne et soudain, vous vous rendez compte qu’il indique que vous pesez 10 kg de plus que d’habitude.
Que s’est-il passé? Parfois, il suffit d’ouvrir l’armoire où vous rangez les médicaments pour trouver la réponse…
Des antidépresseurs aux antihistaminiques en passant par les anovulants, la liste des médicaments qui peuvent avoir comme effet secondaire de vous faire prendre du poids est assez impressionnante.
Si certaines personnes n’ont d’autre choix que de se soumettre à des traitements médicamenteux qui leur font gagner des rondeurs, d’autres ont le pouvoir d’éviter le marasme «surpondéral».
Plusieurs d’entre nous écoutons distraitement les explications du pharmacien ou ne prenons pas la peine de lire la fiche descriptive qu’il nous remet avec notre nouvelle prescription.
Ce n’est que lorsque l’embonpoint s’est installé que nous nous demandons ce qui a bien pu nous arriver!
Ce qui cause la prise de poids
La plupart du temps, ce ne sont pas les médicaments eux-mêmes qui génèrent des tissus adipeux. Certaines molécules médicamenteuses favorisent plutôt la prise de poids en agissant sur l’organisme de plusieurs façons.
Elles peuvent:
stimuler l’appétit
baisser le niveau d’énergie
provoquer la rétention d’eau
provoquer le ralentissement ou le dérèglement du métabolisme
Par ailleurs, le gain de poids possible varie selon les individus et les catégories de médicaments. En effet, certains composés peuvent faire prendre plus de poids que d’autres — cela varie de 2,5 à 9 lb par mois.
Vaut mieux prévenir que guérir
Les gens ne sont pas assez conscients de l’impact que les substances médicamenteuses qu’ils ingèrent peuvent avoir sur eux. Bien souvent, ils ne voient que l’aspect curatif spécifique de la substance.
«Lorsqu’une personne commence à prendre un nouveau médicament et qu’elle s’aperçoit qu’elle a beaucoup plus faim que d’habitude ou qu’elle se sent vraiment moins énergique sans qu’il y ait de changements significatifs dans sa routine, elle devrait immédiatement faire un lien avec sa médication, souligne M. Marc Pelchat, pharmacien.
Il vaut mieux réagir dès qu’on remarque un changement, car rien ne garantit que l’excédent pondéral disparaîtra en totalité une fois le traitement terminé.»
Les coupables
Voici une liste des médicaments les plus susceptibles de provoquer la prise de poids, accompagnée de solutions et d’explications sur la façon dont les médicaments influencent l’organisme.
Anticonvulsifs
Contre l’épilepsie et les troubles qui causent des pertes de conscience.
Les anticonvulsifs augmentent l’appétit et ralentissent le métabolisme de base.
Selon la molécule active (acide valproïque, carbamazépine, gabapentine), la prise de poids touche entre 15 et 50 % des patients et peut varier de 11 à plus de 100 lb au cours d’une thérapie à long terme.
Aide potentielle: un bon plan nutritionnel
Antidépresseurs
Contre la dépression
Les antidépresseurs — tricycliques, inhibiteurs de la monoamine-oxydase (IMAO) avec phénelzine et inhibiteurs sélecteurs de la recapture de la sérotonine (ISRS), dont le Prozac — augmentent l’appétit, provoquent des rages d’aliments sucrés et à forte teneur en hydrates de carbone et ralentissent le métabolisme de base.
La prise de poids peut aller de 1 à 3 lb, environ, par mois.
Aide potentielle: les antidépresseurs à base de bupropion (connus sous le nom de Wellbutrin) n’influencent pas les neurotransmetteurs reliés à l’appétit et n’engendrent que peu ou pas de prise de poids.
Antipsychotiques
Contre la schizophrénie
C’est la classe de médicaments la plus susceptible de causer une prise de poids.
Les antipsychotiques peuvent faire naître des fringales, des envies d’aliments à haute teneur en hydrates de carbone, et ils peuvent être liés à une forte augmentation de l’appétit, pouvant aller jusqu’à la boulimie, accompagnée par une baisse d’énergie.
La clozapine peut causer une prise de poids allant de 11 à 20 lb, environ, au cours d’un traitement d’une durée de 6 mois à un an.
La prise de poids peut même se poursuivre pendant 3 ou 4 ans après la fin du traitement.
Aide potentielle: opter pour des antipsychotiques atypiques (ziprasidone ou aripiprazole) qui sont moins dommageables en ce qui a trait à la prise de poids.
Antihistaminiques
Contre les allergies et l’insomnie (comme le Benadril).
Ces médicaments peuvent rendre ceux qui les prennent léthargiques et, conséquemment, contribuer à la diminution du nombre de calories brûlées par jour.
Aide potentielle: réduire l’apport calorique en mangeant moins
Thérapies contre le cancer
Concerne surtout les additifs dans le traitement du cancer du sein.
Ces additifs agissent en augmentant l’appétit de celles qui les prennent, en rendant ces dernières léthargiques ou en ralentissant leur métabolisme.
Des études démontrent qu’entre 50 et 96 % des patientes gagnent de 5,5 à 25 lb, environ, durant le traitement. Les effets engraissants du tamoxifène peuvent se manifester jusqu’à 5 ans après le traitement.
Aide potentielle: bon plan nutritionnel et exercices
Hormones
– L’insuline et les sulfonylurées, prescrites dans le traitement du diabète de type 2, peuvent entraîner une hypoglycémie et ainsi augmenter l’appétit. Il y a un risque de gain pondéral pouvant aller jusqu’à 10 lb au cours des 3 à 12 premiers mois.
Aide potentielle: molécule hypoglycémiante neutre comme la metformine; bon plan nutritionnel et exercices.
– Anovulants, moyen contraceptif.
La rétention d’eau peut être l’une des causes de l’embonpoint pouvant atteindre 20 lb en 5 ans, surtout chez les adolescentes et les femmes dont l’indice de masse corporelle est élevé. Certaines femmes ne ressentent aucun changement pondéral.
Aide potentielle: bon plan nutritionnel et exercices
Autres
Parmi les autres médicaments qui peuvent mener à une prise de poids, mentionnons les anti-migraineux à base d’acide valproïque, les corticostéroïdes utilisés notamment contre l’arthrite rhumatismale et l’inflammation chronique, certains hypotenseurs sanguins ainsi que des hormones substitutives progestatives, comme Provera.