Les parfums: miel ou venin?
À la suite de la décision de retirer les huiles essentielles des rayons des pharmacies, en 2006, doit-on se méfier également des parfums? Le point sur quelques ingrédients de ces substances aromatiques, jugés controversés.
Des phtalates fatals?
Le mythe: Ils exercent un effet nocif sur les glandes endocrines et gênent la reproduction.
Les faits: Les phtalates servaient jadis à rendre l’alcool des parfums impropre à la «dégustation». En 2003, des études ont montré que certains d’entre eux (dont le DEP ou diéthylphtalate) pouvaient contaminer le parfum en se dissolvant dans le tube plastifié de la pompe. Les firmes de cosmétiques ont donc délaissé ce groupe d’ingrédients, même si la plupart de ceux-ci ne sont pas toxiques. En effet, plus un phtalate est «gros», moins il se dissout dans l’alcool et moins il peut traverser la peau et poser problème.
À noter: L’alcool de tous les parfums est désormais modifié à l’aide d’autres méthodes. Des parfums longtemps dénoncés, comme Le Mâle, de Jean-Paul Gaultier, et Eternity for Woman, de Calvin Klein) ne contiennent plus de phtalates. De même, le groupe L’Oréal (Armani, Lancôme, etc.) les a éliminés de ses parfums depuis… 2007!
Des muscs mortels?
Le mythe: Les muscs synthétiques des parfums sont cancérigènes lorsqu’ils sont utilisés à de hautes concentrations sur les rongeurs. Ils contamineraient le lait d’une femme qui allaite.
Les faits: Il ne faut pas confondre tous les muscs synthétiques.
Le musc ambrette (un musc nitré) a été interdit en 1981. Puis on a restreint l’emploi d’autres muscs nitrés, même si de nombreux experts les jugeaient sans danger. En raison de cette controverse, l’Industrie cosmétique a abandonné tous les muscs nitrés, incluant ceux qui n’étaient pas controversés. Les muscs polycycliques étant considérés comme très polluants, on a décidé de n’employer que les muscs macrocycliques et les muscs linéaires.
À noter: Mûre et Musc, de L’Artisan Parfumeur, Fleur, de Kenzo, ou White Musk, de Body Shop, sont des exemples de (nombreux) parfums musqués qui sont jugés sans reproche.
Des bougies qui se consument?
Le mythe: La combustion des bougies parfumées et des rafraîchisseurs d’ambiance génère des sous-produits nocifs.
Les faits: Les bougies parfumées contiennent souvent de grandes quantités d’ingrédients chimiques (de 3 à 5 %). Or, la chaleur de la combustion induit la formation de sous-produits qui, en se répandant dans l’air ambiant, agresseraient les systèmes respiratoires fragiles.
À noter: La paraffine des bougies odorantes a aussi été prise à partie à cause de ses exhalaisons de styrène, de naphtalènes et d’allergènes.
Des arômes toxiques?
Le mythe: Les parfums renferment des ingrédients chimiques dont il faut se méfier.
Les faits: On peut respirer par le nez, car l’industrie des cosmétiques est ultra vigilante. La preuve, l’innocuité de ses matières odorantes est assurée notamment par le Research Institute Fragrance Materials (RIFM), un regroupement d’experts indépendants (toxicologues, pharmacologues, etc.). Au moindre soupçon, ceux-ci demandent à l’industrie cosmétique de stopper ou de restreindre l’emploi des ingrédients douteux. De plus, les firmes de beauté se plient à une multitude d’autres directives provenant de divers organismes de contrôle (Direction des produits cosmétiques, Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSPAS), etc.). L’Oréal (Armani, Lancôme, etc.) et LVMH (Dior, Guerlain, etc.) s’imposent des restrictions supplémentaires, par simple mesure de prudence.
À noter: Le Registre d’évaluation et d’autorisation des produits chimiques (registre REACH), qui est obligatoire en Europe, garantit que chacun de ces produits est exempt de potentiel CMT (cancérigène, mutagène et toxique pour la reproduction).
Bon à savoir
Si on a des craintes à l’égard d’un parfum, on peut appliquer celui-ci sur l’envers d’un vêtement plutôt que sur la peau,.
Il faut savoir que certains ingrédients d’un parfum, une fois fractionnés, ne posent aucun problème. Par exemple, au lieu de bannir la mousse de chêne d’un chypré comme Eau sauvage, de Dior, on en a retiré la substance qui exerçait un effet photosensibilisant, comme on l’avait fait jadis dans le cas de la bergamote ou de l’essence de rose.