Les écrans d’ordinateur agissent sur le sommeil
La lumière est fondamentale dans la régularisation de nos rythmes biologiques et donc de notre sommeil.
C’est la lumière naturelle apportée par le soleil qui, en agissant sur la rétine, nous donne une information sur le « temps qu’il est » permettant aux rythmes de notre corps de se synchroniser avec les rythmes de la vie qui nous entourent.
Un meilleur sommeil est favorisé par des rythmes de coucher et de lever régulier.
De cette manière, nos horloges internes peuvent anticiper la survenue du sommeil et le système de régulation physiologique des mécanismes du sommeil fonctionne d’une manière plus fluide.
L’électricité et la découverte des systèmes d’éclairage par des lumières artificielles sont venues chambouler nos rythmes de vie réglés par l’alternance naturelle des jours et des nuits.
Avec l’arrivée des écrans, et particulièrement des écrans d’ordinateurs, un pas de plus a été franchi dans l’interaction entre les systèmes lumineux et nos rythmes biologiques. On a pu constater que le sommeil des personnes utilisant des écrans le soir se modifie avec un retard progressif des horaires de sommeil.
Un laboratoire de recherche suisse qui travaille depuis plus de 30 ans sur les rythmes biologiques vient de publier 2 articles scientifiques qui nous permettent de mieux comprendre les effets de la lumière artificielle sur nos rythmes.
Cet effet se joue via la suppression de la sécrétion de la mélatonine. Il est maximum pour des longueurs d’onde lumineuse de 460nm, c’est à dire dans le spectre de la lumière bleue. La lumière augmente le niveau d’éveil et les performances, la mémorisation.
Pour toutes ces fonctions la lumière bleue est toujours plus efficace que la lumière verte ou la lumière violette. La température de la lumière intervient aussi. On distingue des lumières « chaudes » ou des lumières « froides ».
Ces dernières même pour une intensité lumineuse faible (40 lux qui arrive à la rétine, ce qui correspond à l’éclairage standard d’une pièce) ont un effet bloquant plus marqué sur la mélatonine, augment plus la vigilance et donnent un confort visuel plus important que les lampes plus « chaudes ».
Sachant qu’actuellement de plus en plus de personnes passent du temps sur des écrans, il est tout à fait fondamental de savoir quel est le type de lumière délivrée, avec quelles conséquences sur l’organisme.
L’équipe de chercheurs suisses a comparé les effets d’un écran d’ordinateur équipé d’un éclairage par diodes (LED : technologie de plus en plus fréquemment proposée pour éclairer les écrans) à ceux d’un écran non LED.
Il s’avère que ces écrans LED ont une longueur d’onde autour de 460 nm, c’est à dire dans le spectre des bleus. Les sujets de l’expérience, des hommes de 19 à 35 ans sont restés à 60 cm d’écrans de 24’’ pendant 5 heures le soir.
Ils n’avaient pas d’activité sur l’ordinateur mais devaient répondre à des tests de vigilance et d’attention entrecoupés par des périodes de pause et de détente (dont une vidéo relaxante de 20 mn). Chaque sujet refaisait la même expérience mais sur l’autre écran une semaine plus tard.
Pour ceux qui sont soumis aux écrans LED, il y a une franche suppression de la mélatonine, une diminution des indicateurs de la somnolence et globalement une augmentation de l’attention et des performances lors des tests pratiqués.
Ces études confirment que la lumière, et plus spécifiquement la lumière bleue, froide, a un rôle tout à fait intéressant pour maintenir l’attention en conditions monotones.
Cet effet souligne l’importance de l’éclairage pour améliorer les performances lors de certaines tâches professionnelles, ou en conditions de travail posté.
En revanche ces résultats renforcent la nécessité d’informer sur les risques pour le sommeil et la santé de l’utilisation des écrans le soir (insomnie, dépression, troubles métaboliques).
En particulier la population la plus à risque est celle des adolescents qui multiplient les loisirs (internet, console, vidéos) ou le travail, sur ordinateur ou console le soir. Les jeunes ont déjà une propension biologique à retarder leurs rythmes et avec ces nouvelles interfaces le décalage de phase risque d’être encore majoré.