Etude récent : Le cancer du sein de la femme jeune en augmentation
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Être atteinte d’un cancer du sein à 25 ans est une incongruité, vers 40 ans c’est une malchance et à 65 ans c’est une possible fatalité.
C’est en ces termes que les spécialistes réunis actuellement à Strasbourg. Or, actuellement, 27 % des femmes concernées ont moins de 50 ans et 7 % moins de 40 ans. D’autre part, 10 % des cancers du sein avant 40 ans se développent pendant la grossesse ou dans les 6 mois suivant l’accouchement.
Entre 2002 et 2008, le nombre des tumeurs mammaires malignes a progressé de 25 % (il est passé de 5,6 à 7 %). Certes, l’hérédité joue un rôle non négligeable : parmi les femmes de moins de 40 ans touchées, 45 % ont des antécédents familiaux de cancer du sein au 1er ou au 2e degré (contre 30 % chez celles de plus de 40 ans). Selon le Dr Bruno Cutuli, de la polyclinique de Courlancy à Reims, l’augmentation pourrait s’expliquer en partie par l’âge plus tardif des premières grossesses, le mode alimentaire des pays occidentaux ainsi que par le manque d’activité physique. Mais, a-t-il ajouté, « un peu plus de la moitié de ces patientes n’ont aucun facteur de risque ».
Diagnostic trop tardif
En pratique, ni les femmes ni les médecins n’envisagent d’emblée ce diagnostic. Les premières parce que la palpation d’une petite boule, pendant la toilette, leur fait plutôt penser à un simple nodule (cette pathologie bénigne est fort heureusement très largement majoritaire). Quant aux praticiens, ils voient peu de cancers mammaires chez des femmes de moins de 40 ans au cours de leur carrière. « Tout cela favorise un retard au diagnostic », a regretté le Dr Anne Lesur du centre Alexis Vautrin à Nancy, une des organisatrices du congrès.
Résultat : il se passe souvent un temps assez long avant le diagnostic, d’autant plus qu’à cet âge on ne fait pas de dépistage radiologique systématique et que, même lorsque cet examen est réalisé, le sein est souvent très opaque, ce qui rend la tumeur difficilement visible. Le diagnostic est fait par l’examen clinique dans 90 % des cas. Le bilan comprend alors une échographie qui montre en général une zone suspecte. L’IRM peut être prescrite pour mieux évaluer la tumeur et une biopsie permet d’affirmer définitivement son caractère malin.
80 % des femmes s’en sortent
Dès lors commence le parcours du combattant. Le temps presse car les tumeurs des femmes jeunes sont souvent « agressives », de taille importante et leur croissance est rapide. Pour endiguer le mal, un tiers des malades doivent subir une ablation du sein. Et la plupart des patientes sont soumises à des séances de radiothérapie et de chimiothérapie (qui varient selon que la tumeur est ou non hormono-dépendante).
Enfin, le risque de récidive ne peut jamais être exclu. Après traitement par chirurgie conservatrice du sein et radiothérapie, il est évalué entre 15 et 20 % à 10 ans pour les femmes de moins de 40 ans. Il est de l’ordre de 7 à 8 % après ablation du sein. Globalement, 80 % de ces femmes sont en vie, et sans maladie après 5 ans.
Par Anne Jeanblanc lepoint.fr