Se protéger du froid, c’est bon pour le cœur
La plupart des problèmes de santé dus aux frimas peuvent être prévenus.
Le froid a un impact sur la santé et notamment sur le risque cardiaque relativement mal connu. S’en protéger l’hiver, c’est aussi éviter de s’exposer à un certain nombre de complications.
«On peut mourir de froid au sens propre, si l’on se retrouve dans des conditions extrêmes (sans abri, dans une avalanche, etc.).
Mais comme marcher dans le froid est l’équivalent d’un effort violent pour le cœur, le risque d’infarctus augmente lorsque le thermomètre affiche des températures négatives. C’est encore pire lorsque le vent et l’humidité s’en mêlent, car ils décuplent les méfaits du froid.
Et au-delà de 1500 mètres d’altitude, en montagne, la raréfaction de l’oxygène accroît les difficultés chez les cardiaques et les insuffisants respiratoires», met en garde le Dr Christophe Prudhomme, médecin urgentiste (Samu 93).
Enfin, si par temps froid et sec, les asthmatiques risquent de faire une crise car leurs bronches se rétrécissent, c’est le risque infectieux qui l’emporte lorsqu’un temps froid humide -propice à la propagation des virus- se prolonge…
Le risque des engelures
Le cœur et les poumons ne sont pas les seuls organes cibles du froid. Nos petits vaisseaux peuvent aussi en être victimes.
«C’est particulièrement vrai pour les 12% de Français qui souffrent d’une maladie de Raynaud (75% de femmes). Leurs capillaires de certains doigts se spasment aux changements brutaux de température.
Donc, en passant d’un habitat douillet à l’extérieur, de blancs, ils deviennent violets par vasodilatation réflexe», remarque le Dr Jean-Pierre Laroche, président du Collège national professionnel de médecine vasculaire.
Neuf fois sur dix, il s’agit de la forme bénigne de la maladie (un trouble chronique de la circulation du sang dans les extrémités) et une meilleure protection des mains contre le froid, voire la prescription de médicaments vasodilatateurs, suffit à la corriger.
«Mais une fois sur dix, notamment lorsque l’apparition des signes est tardive -après 40 ans-, il peut s’agir d’une affection chronique comme la sclérodermie, c’est-à-dire une maladie généralisée révélée à cette occasion, d’où l’importance de consulter.»
Autre risque: les engelures. Elles se produisent par temps froid et humide, surtout chez les femmes minces avec une maladie de Raynaud. Elles siègent au niveau des extrémités.
«Sur le moment, on ne se rend compte de rien, mais de retour au chaud, douleur, brûlure, boursouflure, picotements et démangeaisons apparaissent.
C’est très impressionnant, d’autant que les oreilles ou le nez peuvent également être atteints, tout comme les mains ou les pieds. Mais cela finit toujours par régresser complètement en quelques semaines», rassure le Dr Laroche.
Ce n’est pas le cas des gelures où la circulation est totalement bloquée, d’où une atteinte parfois profonde et irréversible des tissus. Cet accident, heureusement rarissime, frappe surtout les malheureux alpinistes ou skieurs coincés dans la neige pendant de longues heures…
La bonne nouvelle, c’est que la plupart de ces problèmes de santé peuvent être prévenus.
Pour cela, nous ferions bien de prendre exemple sur les Russes ou les Canadiens, habitués aux hivers rigoureux.
«Là-bas, il ne viendrait à l’idée de personne d’affronter le froid sans une bonne paire de chaussures avec des semelles épaisses (donc isolantes), deux paires de chaussettes, deux paires de gants (en soie et en laine), un chapeau couvrant parfaitement les oreilles et une écharpe autour du cou.
Il faut donc verrouiller toutes les portes d’entrée du froid, c’est le seul moyen d’éviter la déperdition thermique.
Éviter l’alcool
Autre erreur fréquente à éviter: boire de l’alcool en se disant que cela va nous réchauffer. «L’alcool diminue la vigilance et empêche de ressentir les prémices du froid et donc de se défendre.
En cas d’endormissement à l’extérieur, l’issue peut être fatale», prévient le Dr Prudhomme. Rester au domicile en attendant des jours meilleurs est bien sûr la solution la plus sage, notamment pour les personnes fragiles. Cependant, même chez soi, le froid peut avoir des effets pervers indirects.
Déjà, plus il fait froid dehors et moins on a le réflexe d’aérer. La concentration en germes augmente donc dans les foyers. Comme un air trop chaud dessèche les muqueuses respiratoires qui n’arrivent plus à se défendre, le risque infectieux devient maximal.